Le musée Crozatier enrichit ses collections

L’Agglomération du Puy-en-Velay est fière de compter comme équipement culturel un « musée de France ». Le musée Crozatier, créé en 1820, entièrement rénové en 2018, répond désormais à toutes les exigences d’un musée de qualité, moderne et accessible.

L’enrichissement de ses collections selon des axes bien définis fait partie de ses principales missions (loi n° 2002-5 du 4 janvier 2002 relative aux musées de France).

 

Une exceptionnelle Vierge en majesté auvergnate du XIIe siècle vient de rejoindre la collection du musée.

L’enrichissement des collections

Chaque objet qui entre dans la collection d’un musée de France doit au préalable recevoir l’avis d’une commission d’experts. Il faut savoir qu’une oeuvre, en intégrant le patrimoine de l’Agglomération du Puy-en-Velay, avec affectation au musée Crozatier, devient inaliénable, incessible et imprescriptible c’est-à-dire qu’il restera à tout jamais dans cette collection. Accueillir un objet est donc une décision importante qui engage la collectivité. C’est pourquoi l’équipe de conservation veille à expliquer chacun de ses choix en suivant une politique d’acquisition concertée. Ceci est valable pour les achats mais aussi pour les dons et les legs.

 

Un dossier très complet est soumis à un collège d’experts (conservateurs des grands musées nationaux, historiens de l’art, universitaires…). Un avis favorable est la condition sine qua non d’aides par l’État, la Région, le Département mais également la possibilité de mécénat.

L’acquisition d’une exceptionnelle Vierge en majesté dite Sedes Sapientiae

Vierge en majesté dite Sedes Sapientiae

Auvergne, fin du XIIe siècle

H. : 87 cm

Pourrait provenir d’Arlet (Haute-Loire)

Ancienne collection Louis-Pierre Bresset, château de La Rochelambert, Saint-Paulien, Haute-Loire.

 

Description

Cette Vierge à l'Enfant dite Sedes Sapientiae a été réalisée au XIIe dans l’aire auvergnate, peut-être en Haute-Loire. Elle est sculptée en ronde-bosse dans du noyer. Un tissu est marouflé sur le bois (sauf sur les visages et les mains) ; l’ensemble est peint.

La Vierge est assise sur un banc-trône à arcades supportées par cinq colonnes. Elle est vêtue d'une longue tunique au réseau de plis superposés et étagés de manière régulière sur la poitrine ainsi que sur les bras. Elle est coiffée d'un voile couvrant sa chevelure dont quelques mèches apparaissent sur les tempes ; un long pectoral descend tout le long de sa poitrine orné de turquoises non polies qui proviennent très probablement d’Iran. Le Christ est assis sur les genoux de sa mère, retenu par les deux mains de Marie.

Le dos de la statue présente une niche pour recueillir une relique.

Cet objet a été très peu restauré ce qui est fondamental pour son authenticité. Les dommages (absence d’une partie des pieds de la Vierge et des mains de l’Enfant) sont malheureusement logiques pour une pièce de cette époque.

Historique

Les majestés sont des statues représentant la Vierge assise sur un trône servant elle-même de trône à son Fils en qui s’incarne la sagesse de Dieu. Cette iconographie est l’une des plus anciennes représentations de la Mère de Dieu dont faisait partie la Vierge noire du Puy.

Cette typologie de Vierge en majesté rassemble les mêmes caractéristiques iconographiques  : des figures à l’aspect frontal et hiératique ; un trône à arcades ; une longue tunique et un manteau aux manches évasées pour la Vierge.

Cette œuvre appartient à la collection de Louis-Pierre Bresset (1902-1988) depuis au moins 1949. En effet elle figure dans deux expositions organisées à Marseille en 1949 et 1952 au musée Cantini. Louis-Pierre Bresset (1902-1988) est un antiquaire originaire de Marseille qui a acquis le château de La Rochelambert à Saint-Paulien (Haute-Loire) en 1939. Il y organise en 1953 une exposition sur l’art du Moyen âge à partir de ses propres collections. Le fascicule fait état d’une statue : « Vierge à L’Enfant. Bois polychromé. Auvergne XIe – XIIe siècle. H. : 0,86. Ancienne église d’Arlet (?). »

Cette œuvre est restée dans la descendance de L-P Bresset depuis cette date.

L’étude Coutau-Bégarie a proposé cette œuvre en vente aux enchères le 23 février dernier avec une estimation au catalogue de 60 à 80 000 € (sans les frais qui sont de 28,8%). L’avis de la Commission interrégionale d’acquisition pour les musées de France a émis un avis très favorable :

« En résumé, il me semble d’une part que le groupe proposé à la vente offre un très grand intérêt et possède une forte « présence », on peut ainsi le qualifier d’œuvre d’intérêt patrimonial majeur ; et d’autre part que le musée du Puy a tout à fait raison d’en tenter l’acquisition en restant dans la fourchette qu’il a indiqué pour tenir compte de l’état de l’œuvre.... »

Pierre-Yves Le Pogam, docteur et spécialiste de l'histoire de l'art médiéval, conservateur en chef au département des Sculptures du musée du Louvre.

Par ailleurs, une des richesses du département de la Haute-Loire est la sculpture médiévale en bois, représentée sous l’iconographie du Christ de Crucifixion (Lavoûte-Chilhac, Auzon, Arlet…) et de la Vierge en majesté (Notre Dame de Saugues, Notre Dame d’Estours, Notre Dame des Chazes…). Cependant, le musée ne conserve aucune œuvre de ce type dont l’origine locale soit attestée. Cette œuvre vient donc renforcer de manière notable la collection du musée. Pour l’instant, la probable origine de l’église d’Arlet n’a pas été corroborée par les textes ou les archives.

Le musée Crozatier a obtenu l’autorisation du ministère de la Culture de bénéficier du droit de préemption pour cet achat. Cela permet de se substituer au dernier enchérisseur, donc de ne pas participer aux enchères et d’obtenir le bien à son réel prix marchand.

La dernière enchère a été de 120 000 €, soit 154 560 € tous frais compris, qui correspondait au budget défini au préalable.

Cet achat bénéficie de subventions de l’État (Fonds du patrimoine), de la Région Auvergne-Rhône-Alpes (FRAM, Fonds régional d’acquisition des musées), du Département de la Haute-Loire et d’un mécénat exceptionnel de la Société des amis du musée Crozatier complété par la Société académique du Puy et de la Haute-Loire. C’est grâce à ce regroupement des forces que cette œuvre rare pourra rejoindre le parcours permanent du musée Crozatier.

 

Renseignements :

Service Patrimoine (musée Crozatier et Pays d’art et d’histoire du Puy-en-Velay)

www.musee.patrimoine.lepuyenvelay.fr

Contact : Richard Guillien

richard.guillien@lepuyenvelay.fr

04.71.06.62.40