Be Natural : l'histoire cachée d'Alice Guy-Blaché.

Les 16 et 17 octobre à 16h15, Ciné Dyke. 

Présentation le samedi par Anne Muller.

Film documentaire américain coécrit, coproduit et réalisé par Pamela B. Green, sorti en 2018. Coproduit par Jodie Foster et Robert Redford, le film retrace la vie de Alice Guy-Blaché, première réalisatrice, scénariste et productrice de cinéma.

Encore méconnue du grand public, la française Alice Guy-Blaché fut pourtant une personnalité essentielle à la création du septième art. Première femme dans l’industrie cinématographique, elle y endossa plusieurs casquettes, réalisatrice, productrice et directrice de studio, contribuant à près de mille films de divers registres. Résolument avant-gardiste, elle y aborde des sujets très peu évoqués à l’aube du XXème siècle, comme l’émancipation féminine et la discrimination. Celle qui, à seulement vingt-trois ans, réalisa La Fée aux choux, l’un des premiers films narratifs, fut également l’une des pionnières dans l’utilisation du gros plan, de la coloration à la main et du son synchronisé. Après des débuts en France, elle a poursuivi sa carrière outre-Atlantique, continuant ainsi à innover. Notamment, avec la réalisation du premier film narratif au casting entièrement afro-américain et la fondation de Solax Films Co. Elle devient ainsi la première femme créatrice d’une société de production de films. Son apport important au cinéma est incontestable. Mais, contrairement à ses contemporains masculins, elle est tombée dans l’oubli après la vente de son studio et son divorce avec le cinéaste Herbert Blaché. Aujourd’hui encore, beaucoup ignorent les accomplissements de cette cinéaste visionnaire. Consciente de ce manque de reconnaissance, la productrice Pamela B. Green décide de se lancer dans la réalisation avec ce documentaire qui vise à rendre justice à cette femme et à lui attribuer la place qui lui revient dans l’Histoire du cinéma.

Initialement inspirée par la biographie, ne possédant malheureusement pas de version française, Alice Guy-Blaché : Lost Visionary of the Cinema écrite par Alison McMahan, la documentariste-productrice s’engage dans un travail titanesque de recherches pendant huit ans. Mais au lieu de s’effacer derrière la caméra, Green nous emmène avec elle dans son travail d’investigation trépidant, ce qui apporte une touche d’interactivité à l’ensemble.

Cette reconstitution ne se fait pas qu’à travers les habituels témoignages et images d’archives, même s’ils sont aussi présents. Green remonte le temps, jouant avec l’esthétique de la Belle Époque et du commencement du XXème siècle pour les fusionner aux décors actuels et ainsi signifier l’importance de ces lieux dans la vie de cette première cinéaste. Ces procédés ingénieux donnent l’impression d’être au cœur de l’enquête et de partager les expériences d’Alice Guy-Blaché. À ceci s’ajoute la narration fluide de Jodie Foster qui semble s’adresser directement à nous et tranche avec le ton didactique souvent employé dans les documentaires.