Visite de l’atelier de Cristine Guinamand

Compte-rendu de Romain Guilloux.

Lundi 7 novembre, la SAMC avait convié ses membres à une visite d’atelier. Nous nous sommes donc retrouvés à Rosières, devant l’atelier de Cristine Guinamand, pour découvrir son travail.

L’accueil est chaleureux, l’artiste a disposé sur les murs de son atelier des peintures de différentes époques, mais l’œil est attiré par une très grande toile (non encore terminée), très colorée. Comme dans beaucoup de ses œuvres, des éléments très figuratifs (dans ce cas des oiseaux) se détachent sur un fond complexe et foisonnant. L’artiste, tout au long de la rencontre, va nous faire percevoir que dans ce foisonnement s’insèrent des références complexes, à des œuvres d’autre peintres, des lectures, des poèmes ou des éléments de sa vie personnelle, des évènements historiques et parfois au cadre dans lequel elle travaille.

On découvre chez elle une pensée également complexe, un esprit toujours en éveil, toujours prêt à accueillir et transformer en acte pictural les émotions que sa grande sensibilité éveillent en elle, et un refus de se laisser enfermer dans des cadres convenus.

Peu à peu on se rend compte que sous les couleurs vives, l’émotion esthétique, se cache un message beaucoup plus profond, et une réalité souvent très sombre. L’exemple le plus parlant qu’elle donne est celui d’un tableau actuellement au musée Dini, intitulé « pluie noire ».

L’œil est attiré par une grande lumière jaune, mais c’est celle de l’explosion de la bombe d’Hiroshima, et quand on y regarde de plus près, les images de destruction d’un univers familier symbolisé par un vase, qui semble en avoir réchappé viennent considérablement modifier le ressenti du spectateur. Et surtout, venant du ciel, la menaçante « pluie noire » (pluie très radioactive qui a suivi l’explosion nucléaire et détruit de nombreuses vies).

Beaucoup de références aussi à la première guerre mondiale, à la boue des tranchées, particulièrement dans des tableaux plus anciens comportant des collages d’éléments divers (clous, tampons « jex »…)

Et lorsqu’on monte au grenier, on découvre une mise en scène de certains tableaux, qu’elle nomme d’ailleurs « théâtres », beaucoup plus intimes. Beaucoup plus noirs aussi bien souvent.


Elle se dit actuellement particulièrement fascinée par les grands formats, où elle peut sans doute mieux exprimer son univers intérieur très riche et foisonnant. Mais elle craint que ses limites physiques ne la conduisent à devoir y renoncer. La rencontre avec un tableau est souvent une grande expérience émotionnelle, mais la rencontre avec le tableau et l’artiste qui l’a créé et qui en parle elle-même avec émotion est beaucoup plus intense, c’est le grand intérêt de ces visites d’atelier, que j’espère voir se poursuivre.